Notre approche
Nous utilisons une approche stratégique et graduelle, commençant par l’éradication de l’extrême pauvreté et évoluant vers la responsabilité et la participation citoyenne. Cette approche se présente comme suit :
- 1. La création des groupes communautaires de solidarité, épargne et crédit
- 2. Le fonctionnement des groupes
- 3. L’encadrement et accompagnement des groupes
- 4. Réseautage des groupes
- 5. Travail en synergie de différents acteurs
La procédure de création des groupes communautaires de solidarité, épargne et crédit appelés groupe SILC (Savings and Internal Lending Communities) passe par les étapes suivantes :
- La sensibilisation : sensibilisation des autorités administratives locales sur le fonctionnement de SILC et son intérêt, pour susciter leur adhésion à une telle initiative. Lorsque les autorités sont d'accord, on organise alors des séances de sensibilisation des communautés au niveau des collines ou des quartiers cibles. Une fois qu'il y a des personnes qui se sentent intéressées, on leur demande d'aller se constituer en groupes de 15 à 25 personnes. Les animateurs (personnel de Biraturaba chargé d’accompagner les groupes) insistent à ce que les membres d'un groupe se choisissent eux-mêmes et ces derniers doivent se connaître, avoir confiance les uns des autres et être dans des situations socioéconomiques similaires.
- La formation des membres des groupes : Pour chaque groupe créé, il est prévu une formation de base pour tous les membres du groupe ensemble. La formation se fait en six séances portant sur 6 modules suivants: leadership et élection du comité de gestion des membres, développement des fonds de l’association, élaboration du règlement intérieur, tenu des supports de gestion, procédures des réunions, réunions pour la constitution des premières épargnes et du crédit.
Les groupes se rencontrent à périodicité constante à intervalle de temps choisi par eux-mêmes (hebdomadaire ou bimensuel). Pour chaque réunion, les membres épargnent, s’octroient des crédits et cotisent pour le fonds social. Toutes les réunions du groupe sont des réunions de tous les membres (assemblée générale), les membres du comité de gestion ne peuvent pas se réunir en dehors de l’assemblée générale. L’argent emprunté est remboursé avec intérêt (à travers les réunions ordinaires) dont le taux est convenu dans le règlement intérieur de chaque groupe, ce qui fait grandir le fond. Le fond social permet de répondre aux besoins d’urgence des membres.
Après chaque cycle de 12 mois, les membres se réunissent pour évaluer et comptabiliser tous leurs avoirs. Les membres peuvent décider de partager le patrimoine du groupe ou de le réinvestir, de le dissoudre ou de le continuer. Au cas où ils décident de partager, chaque membre reçoit la totalité de l’argent qu’il a épargné pendant toute l’année et les dividendes correspondant aux intérêts générés par ses épargnes.
Au cours de chaque réunion du groupe, l'Agent Villageois (animateur communautaire) doit être présent dans les 4 premiers mois pour superviser les opérations du groupe et la tenue des documents. Après cette période, il participe dans une réunion sur deux pendant une période de 3 mois, puis dans une réunion sur trois jusqu'à la fin du cycle. Normalement, après un cycle d'une année, chaque groupe SILC est capable de tenir une réunion et de mener toutes les opérations sans assistance.
Après le cycle, l'agent villageois garde toutefois les relations avec les groupes promus pour leur venir en aide en cas de besoin. Normalement, chaque groupe est informé qu'en cas d'un problème quelconque, il a le droit de contacter l'agent villageois. Ces derniers prennent également l'initiative de passer dans les groupes quelques fois pour voir la vie du groupe et pour récolter des informations sur le déroulement de ses activités.
Une fois les groupes SILC matures, ils sont sensibilisés sur l’importance du réseautage puis évalués selon des critères élaborés par Biraturaba. Les groupes qui remplissent les critères sont accompagnés pour constituer des réseaux. Un réseau comprend de 8 à 10 groupes SILC de la même colline et chaque groupe est représenté par 2 personnes élues par les paires et qui ne sont pas membres du comité de gestion. Les fonctions d’un réseau sont notamment:
- La gestion des conflits entre les membres d'un groupe, qui n'ont pas pu être réglés en interne.
- L’identification des défis communautaires dans leurs localités et proposition des solutions pour les résoudre ;
- L’organisation des activités communautaires pour contribuer dans la résolution des défis identifiés;
- L’animation/ mobilisation des groupes SILC pour la mise en œuvre des mesures issues de différentes formations dont ils sont bénéficiaires (ex: les mesures d’hygiène et la prise en charge des vulnérables);
- La coordination de la distribution des aides délivrées par les groupes SILC aux plus vulnérables de leur communauté ;
- La communication entre les groupes SILC et l'autorité administrative et les autres acteurs (ONG, OSC, etc.);
- Le plaidoyer en faveur de leurs communautés et des membres des SILC pour le respect et la promotion de leurs droits.
Lorsque les réseaux commencent à s’intéresser aux défis communautaires, nous favorisons la création d’un cadre d’échange entre les OSC, les réseaux et les autorités, centré sur des analyses portant sur les problèmes de la société qui ne peuvent pas être résolus par les réseaux uniquement. Ces échanges conduisent le plus souvent à l’amélioration des services publics.
Par exemple, la problématique de gestion de l’eau potable a été traitée en commune Kayokwe et Bisoro (Mwaro), où les principaux intervenants dans le domaine étaient présents. Compte tenu des problèmes identifiés et suite à ces débats, tous les réservoirs d’eau ont été systématiquement nettoyés et couverts, et des comités de points d’eau ont été créés et sont fonctionnels